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ETUDES CAMEROUNAISES
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3 janvier 2008

PRESIDENT BIYA. JE REFUSE VOS VOEUX

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SON EXCELLENCE PAUL BIYA

Objet : Je refuse vos vœux                                                                      

Excellence,

Comme la minorité des camerounais qui ont pu avoir l’électricité le 31 décembre 2007 à 20h00, je suis resté scotché à mon téléviseur pour suivre votre traditionnel discours de fin d’année. Comme la plupart des citoyens camerounais qui vivent au Cameroun, au fur et à mesure que vous lisiez votre texte, ma gêne et mon embarras grandissaient proportionnellement. Comme à l’accoutumée, vous avez conclu votre discours en adressant vos vœux aux citoyens camerounais. En tant que citoyen appartenant à une génération qui pense le Cameroun d’une manière plus juste et plus démocratique, je suis obligé de vous dire, Monsieur le Président , qu’il n’est pas possible pour moi et pour le Citoyen d’accepter ce type de vœux.

Je me demande à la vérité comment le citoyen peut-il accepter des vœux prononcés pour conclure un discours entaché de contrevérités, d’incongruités et même de défi au Peuple souverain ?

Monsieur le Président, je m’étais toujours fait une illusion en croyant en vos discours et particulièrement à l’intérêt que vous portiez à la jeunesse camerounaise. Mais, votre dernière adresse à la nation confirme sur ce point, l’évidence de ma naïveté. Oui, je viens de comprendre que le sort de la jeunesse est loin d’être une préoccupation principale pour vous ! En effet, vous avez tenu à inaugurer votre discours par la compassion aux familles des victimes de l’attaque de Bakassi : nous la partageons. Mais vous n’avez pas eu la moindre remarque de compassion à l’endroit des enfants, des élèves, tués par balles par des agents de l’Etat à Kumba et à Abong Mbang, alors qu’ils revendiquaient seulement le minimum : de l’électricité pour étudier.

Que NON ! Ces jeunes ne vous intéressent en rien : A quoi servent les « centaines d’établissements créés » si plusieurs le sont seulement sur du papier ? Et que d’autres demeurent sans enseignants ? Quelle éducation voulez-vous que l’on donne à ces enfants lorsque les enseignants sont maintenus volontairement dans une précarité indescriptible ?

NON, ces jeunes ne vous préoccupent pas du tout. Votre génération et celles qui vous ont suivi jusqu’en 1993 ont eu droit à des bourses universitaires à l’université de Yaoundé. Vous avez non seulement supprimé cette bourse, mais imposé des frais universitaires que de nombreuses familles ont de la peine à les payer. La manne financière obtenue de l’atteinte du point d’achèvement de l’IPPTE vous aurait suggéré naturellement la suppression desdits frais  dont l’usage est aujourd’hui discutable. Mais hélas vous ne vous en préoccupez nullement.

NON ! Ces jeunes ne peuvent plus rien attendre de vous, sinon le départ dans la paix à la fin de votre mandat. De manière récurrente dans les discours à la jeunesse du 10 février, vous vous gargarisez de la gratuité de l’enseignement primaire au Cameroun. Pourtant vous êtes bien conscient qu’il n’y a au Cameroun aucun établissement où l’accès, encore moins l’enseignement est gratuit.

Monsieur Paul Biya, je refuse d’accepter vos vœux car ils sont précédés de contre-vérités.

En effet, vous évoquez « les dispositions prises pour défendre le pouvoir d’achat » . Je me demande s’il s’agit du même Cameroun dans lequel nous vivons tous. Entre votre dernier discours de décembre 2006 et celui de 2007, en parlant des produits de première nécessité, savez-vous, Monsieur le Président, que l’huile de cuisine a connu une augmentation de plus de 300FCFA pour le litre ? Que le pétrole lampant a connu une hausse d’environ 20% ? Que le savon de ménage est passé de 225F à 300FCFA ? Que le kilo de sucre est passé de 500F à 850FCFA ? Que les tarifs de transport ont connu une hausse de près de 20 % ? Et j’en passe. Vous êtes conscient, qu’aucune mesure n’a été prise pour augmenter le revenu des camerounais. J’ai de la peine à comprendre que des « avances de solde » qui constituent un endettement du fonctionnaire soient considérées par vos services comme des mesures d’augmentation du pouvoir d’achat. Peut-être que comme la Ministre des Affaires Sociales l’a souligné récemment, le citoyen que je suis et vous n’avons pas la même notion de « produits de première nécessité » : le fromage ne faisant pas partie de mes habitudes alimentaires.

Je refuse d’accepter vos vœux, Monsieur Biya, parce qu’ils sont précédés des déclarations dont j’ai de la peine à admettre leur destinataire.

En effet, après 25 ans à la tête de l’Etat vous dites : « l’heure à est l’action. Secouons l’inertie,… », «…que nous passerons du registre des bonnes intentions à celui des réalisations. », « Dans un pays qui dispose d’un potentiel hydroélectrique important…il est inadmissible que l’on souffre d’une telle pénurie. » « Alors je demande que l’on passe à l’action, que les décisions soient prises,… », « Nous ne pouvons plus attendre que les dossiers passent d’ateliers en séminaires, de séminaires en comités sans résultats visibles. » etc. Monsieur le Président, a qui vous adressez-vous ? C’est justement les questions que les citoyens vous posent, vous qui dirigez le pays.

Je dis NON ! A vos vœux Monsieur le Président, parce que même en matière de santé, vos préoccupations prioritaires sont en déphasage avec celles du citoyen ordinaire. En effet, vous êtes très intéressés par «  les appareils de dialyse » : c’est une bonne chose. Mais savez-vous que 800 mètres à peine du champ de fleurs et d’arbres (curieusement baptisé Bois Sainte Anastasie ( ?), qui a englouti plus du milliard de nos francs et que vous avez personnellement inauguré le 25 décembre par votre visite surprise) ; Savez-vous disais-je, que derrière ce champ, se trouvent les urgences du principal hôpital de la Capitale où des camerounais sont assujettis à l’achat d’un carnet sans lequel aucun soin, même d’urgence n’est administré ? Le citoyen est convaincu qu’une dotation en carnets qui seraient offerts gratuitement aux malades en urgence résoudrait un problème concret dans nos hôpitaux et sauverait des vies.

Enfin, je refuse d’accepter vos vœux Monsieur le Président, parce que vous avez choisi de tourner le dos au peuple. Vous lancez même un défis au citoyen et rendez évidentes et naturelles certaines interrogations, qui concerne votre stratégie de modification de la Constitution. En effet vous dites : « Celui-ci apporte en effet une limitation  à la volonté populaire, limitation qui s’accorde mal avec l’idée même de choix démocratique. ».

Je me suis toujours fais des illusions mais vous venez là de donner la preuve que vous êtes un homme d’Etat incohérent. Vous avez prouvé que vous faites ce que vous ne dites pas et dites ce que vous ne faites pas. Que vos actes se succèdent de façon désordonnée. Souvenez-vous, Monsieur le Président, que c’est vous-même qui aviez soumis au Parlement en janvier 1996 ce projet de loi portant révision de la Constitution de 1972, que c’est encore vous qui aviez promulgué cette loi le 18 janvier 1996. A dire que c’était l’œuvre d’une cécité volontaire justifierait le fait que vous nous fassiez croire aujourd’hui que la limitation des mandats est une limite à la liberté populaire . Hier, le thermomètre sociopolitique se prêtait à de telles manipulations, mais aujourd’hui, ça ne passera pas. Car « on peut tromper tout le peuple un partie du temps, on peut tromper une partie du peuple tout le temps, mais jamais tout le peuple tout le temps. » Voici, Monsieur Biya qu’est venue l’heure à laquelle de telles manipulations ne passeront plus du tout, car tout le peuple est en éveil désormais. On ne le trompera plus.

Monsieur le Président, vous tenez à modifier la Constitution, certains cadres du RDPC aussi, c’est votre droit de formuler un vœu. Mais nous ne pouvons pas admettre que vous fassiez croire à la Communauté Internationale que c’est la volonté du peuple camerounais. Permettez-moi de signaler qu’au moment où certains cadres de votre parti signaient des motions, des citoyens camerounais s’engageaient à leur répondre par une pétition nationale. Au cas où vous n’aviez pas cette information, notez que du 21 novembre au 31 décembre, près de 93 000 camerounais avaient signés contre cette modification et continuent de le faire par centaines chaque jour. Alors, Monsieur le Président, afin d’éviter ce qu’on serait tenté de qualifier d’escroquerie politique, si vous tenez tant à lever le verrou de l’article 6.2, ayez le courage d’utiliser l’article 36 de ladite Constitution qui ne vous laisse qu’une possibilité : la voix référendaire.

Vous savez comme moi que le Parlement actuel a toute sa légalité, mais ne dispose d’aucune légitimité pour s’attaquer au socle républicain qu’est la Constitution. Vous savez comme moi que près de 70% d’électeurs potentiels camerounais ont refusé de prendre part au dernier scrutin, parce qu’ils n’avaient aucune confiance au système électoral en vigueur. Ces camerounais pour la plupart sont déterminés à ne pas accepter un hold-up sur le processus de l’alternance inscrit dans notre Constitution et sur laquelle vous avez prêté serment.

Monsieur le Président, je me suis toujours réservé de franchir la ligne rouge avec vous, mais cette rupture est train d’être consommée. La seule possibilité qui vous reste pour prétendre encore à mon attention et à celle de ma génération, puisque la révision constitutionnelle vous tient tant à cœur, est de convoquer une Constituante, et de vous soumettre au référendum du peuple et d’avoir le courage d’accepter le résultat de celui-ci comme votre collègue du Vénézuela.

En tout état de cause, je continu de croire qu’il vous reste encore une possibilité de quitter le pouvoir la tête haute en 2011. Si cela vous préoccupe, concentrez-vous sur le chantier de la réforme électorale qui permettra au citoyen, dans le cadre d’une élection libre et transparente, de choisir votre successeur au terme de votre mandat actuel. Laissez nous les chantiers de lutte contre la pauvreté, de corruption et de croissance économique car après 25 ans de règne votre régime est disqualifié pour le faire.

Recevez, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

Citoyen Hilaire KAMGA Président de NDH-Cameroun

Secrétaire Général du Réseau Francophone des Droits de l’Homme

BP. 4063 Yaoundé

Tél. 00 237 22 01 12 47

Email : htkamga@yahoo.fr

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