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22 septembre 2010

Langues et interculturalité dans la littérature d’Afrique francophone

Langues et interculturalité dans la littérature d’Afrique francophone

Dr Yves-Abel Feze

Université de Dschang, Cameroun

Un rapprochement de la fiction africaine francophone (par son hybridité linguistique) avec la « World fiction » offre des perspectives de lecture de cette littérature nouvelle et féconde. Il suffit de considérer que la notion d’écriture francophone et donc eurographe ne va pas de soi car elle désigne une littérature produite dans une langue qui pour être la langue de l’Autre n’est pas tout à fait étrangère, car étant une langue seconde. Ce fait pousse l’écrivain à un phénomène de créolisation de la langue de l’Autre qui envahit tout le continent. Créolisant la langue d’emprunt et se l’appropriant, les écrivains africains la déterritorialisent et produisent ainsi des « textes rhizomes » retranscrivant la diversité du monde dans une sorte de totalité fragmentée. De la sorte, les textes francophones brassent des langues différentes, et tombent dans le chaos monde dont parle Glissant : j’appelle chaos du monde le choc actuel de tant de cultures qui s’embrassent, se repoussent, disparaissent, subsistent partout, s’endorment ou se transforment lentement ou à vitesse foudroyante (…) le tout-monde qui est totalisant n’est pas (pour nous) total(1).

Ce que la présente rencontre me donne donc l’occasion de montrer est que l’hybridité linguistique qui est le principe d’écriture de la francophonie littéraire n’est pas identitaire mais ouverte sur l’altérité. L’hybridité linguistique dans la post colonie francophone est de ce point de vue, une écriture du monde. Or donc, cette écriture du monde dans les textes contemporains peut aussi être vue, telle est du moins l’hypothèse qui voudrait se donner ici à partager, comme une stratégie visant l’accès à un bien symbolique qui est reconnaissance et consécration « des petites littératures » dans la « République Mondiale des Lettres » dont parle Casanova(2).

I Texte hybride et World fiction :

Ce qui caractérise peut-être le plus les textes récents en Afrique Francophone, c’est leur multilinguisme. De fait, la prolifération d’écrivains migrants est étroitement liée à l’apparition dans la littérature du multilinguisme, de la polyphonie ou encore du réalisme magique. Les écrivains convoquent désormais dans leurs récits des réalités contrastées tenant à une multitude de registres culturels et de langues. On se doit de mentionner ici Ahmadou Kourouma et Abdelkader Khatibi, notamment, qui (Khatibi) théorise et pratique la « bi-langue ». Ceux-ci comme d’autres, Sony Labou Tansi par exemple, « mêlent différents idiomes venus du monde d’entier. (Ainsi) ce qui a commencé dans les écrits post-coloniaux comme une créolisation (du français) est devenue un processus de migration littéraire massive, de transplantation, et de fertilisation (…) »(3). Par-là même, ces auteurs participent à une mondialisation de la langue de l’ex-colonisateur et de la littérature qui s’en autorise car, on le sait, depuis l’expérience glissantienne du langage, le multilinguisme et la créolisation sont une notation de l’écriture du monde. Glissant de ce point de vue théorise :On conçoit vite qu’il s’est de tout temps maintenu des endroits de créolisation (les métissages culturels), mais celle qui nous intéresse aujourd’hui, porte sur la totalité-monde, une fois réalisée cette totalité (…) un tel chatoiement de l’étant éclabousse dans mon langage : notre commune condition est ici le multilinguisme. J’écris désormais en présence de toutes les langues du monde, de la nostalgie poignante de leur devenir menacé(4).

C’est qu’il y a chez nos écrivains un règne de l’écrit qui n’est en aucune façon rédhibitoire à l’expression de l’oral. Cette hybridation de la langue de la métropole mène l’écrivain africain à une sorte d’hétérolinguisme qui fait de lui un « passeur de langues » et un « voyageur entre les cultures » qui s’approprie la langue de l’autre, la viole et condamne sa dimension impératrice. Il y a donc là, on le voit, une cohabitation de la langue de la périphérie avec celle du Centre. C’est le cas du Congolais Sony Labou Tansi dont la perversion linguistique débouche sur un acte de déstabilisation de la langue. Sony draine, de fait, avec lui tout l’esprit séculaire de l’oralité auquel il plie la langue écrite. Il faut cependant comprendre : Si la prose sonyenne manifeste une certaine intertextualité avec la tradition orale, elle ne s’en réclame pas entièrement. Comme nombre de romans africains de la seconde génération, le roman de sony convoque les formes littéraires du roman européen et les formes de la tradition orale pas pour se situer dans une poétique transculturelle. L’écrivain africain, dès lors, témoigne en son langage des multiples langues en présence desquelles il écrit et qui sont constitutives d’une société cosmopolite, où à tout le moins d’une identité cosmopolite. Il devient un écrivain bilingue comme le Marocain Abdelkader Khatibi qui exprime ainsi cette nouvelle condition dans Amour Bilingue :

Que désirait-il ? Qu’elle fût cet abîme entre lui et lui, dans leur langue commune ? Lui demandait-il l’impossible ? Pour lui parler, il était traduit lui-même par un double mouvement, du parler maternel à l’étranger, et de l’étranger en étranger en se métamorphosant, Dieu sait par quelles extravagances(5).

Cette impossibilité identitaire que s’est donnée pour tâche de raccommoder l’écrivain maghrébin suscite des interrogations comme en témoigne la bi-langue, le héros d’Amour Bilingue. Tout ce roman apparaît ainsi comme un méta texte exprimant parfaitement « l’inconçu », la dualité culturelle ou ce que Derrida appelle ce « trouble de l’identité »(6) qui fait de l’écrivain francophone pour, précisément parodier le même Derrida, un écrivain monolingue chez l’autre. Pour Khatibi, de fait, l’écrivain est un sujet nomade c’est-à-dire un être périphérique qui enjambe les frontières. Il pose la question suivante : « Quelle est la patrie d’un écrivain ? Est ce uniquement sa langue ? Est ce l’unité idéelle être un terroir, une langue et une identité culturelle d’esprit et de corps ? Est ce la mosaïque d’un exil et d’une transposition universelle ? »(7). L’écrivain, de la sorte, n’est pas arrimé à un territoire défini ou à une culture homogène. A force d’écrire entre deux langues, l’écrivain est comme le note Bensmaïa.

Un écrivain, qui parce qu’il évolue entre deux langages, deux frontières, et conséquemment plusieurs tranches temporelles, ne peut plus appartenir à une histoire, un peuple, un pays, mais au contraire à un nouvel espace - temps lequel, bien qu’étant le produit d’une création artistique, ne peut quand même pas être réduit à une « fiction » où un « mythe » purs(8).

Il y a donc à l’œuvre chez nos auteurs francophones une interlangue qu’on peut définir à la suite de Klaus Vogel comme la langue qui se forme chez un apprenant d’une langue étrangère à mesure qu’il est confronté à des éléments de la langue cible, sans pour autant qu’elle coïncide avec cette langue cible. Dans la constitution de l’interlangue entrent la langue maternelle, éventuellement d’autres langues étrangères préalablement acquises, et la langue cible(9).

Birahima, l’enfant soldat d’Ahamadou Kourouma qui s’aide de cinq dictionnaires pour écrire son « Blablabla » et trouver les mots idoines, mots fétiches pour dire son histoire, produit, à coup sûr, une interlangue(10). L’interlangue de Kourouma manifeste une relation au français de la part d’un apprenant autodidacte qui laisse s’épanouir les jeux de mots, les créations lexicales et syntaxiques tout en apprenant et en vérifiant dans les fameux dictionnaires le sens des mots, qu’il veut justes dans une « écriture pas tout à fait et intermédiaire » selon l’heureuse formule de Boehmer(11). Moura n’a donc pas tort lorsqu’il écrit que : « l’auteur post-colonial est un véritable passeur de langue dont la création maintient la tension entre deux (ou plusieurs) idiomes et parfois même, dans le cas de l’interlangue, rompt la norme linguistique afin de se forger un langage propre »(12).

Un tel hétérolinguisme nous fait découvrir la variété du monde. L’écrivain héterolinguiste, de la sorte, dit le monde et son imaginaire car « le divers du monde a besoin de l’encens du monde. L’éclat des littératures orales est ainsi venu, non pas remplacer l’écrit, mais en changer l’ordre. Ecrire c’est vraiment dire : s’éprendre du monde sans se disperser, ni s’y diluer »(13).

On le voit à partir de la théorie du « Tout-Monde » glissantien, l’oralité et l’interlangue participent de poétiques diverses et multiples qui transcrivent l’imaginaire du monde dont il parle encore :

« L’idée du monde s’autorisera de l’imaginaire du monde, des poétiques entremêlées qui me permettent de deviner en quoi mon bien conjoint à d’autres, en quoi sans bouger il s’aventure ailleurs, et comment, il m’emporte dans ce mouvement immobile »(14).

Une telle « globalisation » nécessaire de la littérature africaine francophone par sa langue - ou son interlangue ne suffit toutefois à oblitérer le fait qu’elle peut être perçue comme une stratégie visant à faire rentrer les littératures mineures(15) dans l’univers littéraire international.

2 - Politique linguistique et capital littéraire :

En effet, si les premiers écrivains nationaux en Afrique francophone se réfèrent à une idée politique du littéraire, les derniers venus vont se référer aux lois littéraires internationales et autonomes pour faire exister un autre type de littérature et de « capital littéraire »(16). Je me propose donc en partant du modèle établi par Casanova, de montrer qu’il existe des politiques linguistiques et stylistiques dans les territoires dominés qui agissent comme des stratégies révolutionnaires tendant à les faire admettre au patrimoine littéraire international. Pour Casanova en effet, « Excentriques » au plein sens du mot, ces écrivains de seconde génération vont devenir les artisans des grandes révolutions littéraires, Ils luttent avec des armes spécifiques pour changer l’ordre littéraire établi. Ils innovent et bouleversent les codes littéraires les mieux admis au méridien de Greenwich littéraire, contribuant ainsi à changer en profondeur, à renouveler et même à bouleverser les critères de la modernité et, partant, les pratiques de toute la littérature mondiale(17).

L’interlangue qui a le plus cours aujourd’hui et concerne un ajout de termes ou d’expressions de la langue « étrangère » - ou considérée comme telle selon le point de vue du destinataire - dans la langue française peut aussi être lue comme un néo-exotisme tendant à briser les frontières littéraires, à attirer le lecteur français par l’usage d’une langue « colorée » mais demeurée lisible pour ce dernier. La langue métissée de Beyala fournit à cet effet de multiples exemples. Une langue "bâtonmaniquée" que l’auteur "a mis à la page au son du tam-tam, aux ricanements du balafon, aux cris des griots"(18). C’est plus une langue métissée qu’africanisée qui amalgame expressions africaines francisées et structure française. Une langue française travaillée qui laisse penser a priori à une africanisation du français mais qui ne peut, au total, entretenir cette illusion que chez le lecteur français. Il y a donc là un glissement des positions énonciatrices du destinateur vers le destinataire où le Moi producteur de l’énoncé se tient pour étranger par rapport à lui-même et se déplace vers l’Autre censé le recevoir. L’Autre, destinataire du discours est sans aucun doute français, mais bien également désormais le moi destinateur. Il s’agit ici d’un néo-exotisme au sens de Laronde :

Le néo-exotisme est un faisceau de pratiques qui appartiennent au monde oriental (donc, étrangères au monde occidental mais sont le fait de l’oriental en position interne au monde occidental). Dans les deux cas on voit que quelque chose ne change pas ; c’est la place de l’occident comme base référentielle du discours, ce que confirme le maintien de l’oriental dans la position de l’étranger au discours oriental(19).

Il est à cet égard manifeste que ce glissement se note dans le titre du deuxième essai de l'écrivain camerounaise, Lettre d’une afro - française à ses compatriotes (1999) par rapport au premier, Lettre d’une africaine à ses sœurs occidentales, signe que le lectorat a changé et que le destinateur du discours s’assimile désormais au destinataire. L’interlangue telle que pratiquée par Beyala a donc pour fonction d’élargir son lectorat, de briser les frontières et de redéfinir subrepticement les frontières géographiques et culturelles du champ littéraire. L’écrivain signe, par là même, des textes cosmopolites reflétant son identité afro-française. C’est encore ce que l’on constate dans le procédé d’arabisation textuelle auxquelles a recours le roman maghrébin par l’inclusion de certains mots arabes ou de certaines expressions françaises arabisées. C’est d’ailleurs ce qu’exprime un personnage de Nedjma de Kateb Yacine : « il faut bien dire que le vocabulaire français comprend 281 mots d’origine arabe… Nous aussi, nous influençons leur civilisation… »(20). De sorte qu’on peut dire du romancier maghrébin qu’il cherche les moyens adéquats de forger un monde où pourront coexister la tradition arabe et la modernité occidentale ; ce dont témoigne L’enfant de sable de Tahar Ben Jelloun(21). Ici, le conteur fait référence aux versets coraniques et parfois les cite tout simplement pour exhiber sa connaissance de son milieu culturel. Dans un cas beaucoup plus récent, Latifa Ben Mansour agrémente son texte, La Prière de la peur(22), de l’histoire arabe d’antan, de versets coraniques, de poésie, de légendes, et réussit à métisser la langue française. Ce que donnent donc à voir ces textes, c’est un bilinguisme, signe d’une dualité culturelle et de lectorat.

On peut cependant lire dans cet affirmation différentialiste une solution formelle trouvée à l’inégalité littéraire dans le fait d’aller chercher au Centre « la richesse et les possibles littéraires »(23), pour les importer sur leur terre. Cette interlangue francophone entre enracinement linguistique et néo-exotisme permet, de ce point de vue, à la littérature francophone d’exister. C’est ce que souligne Halen :

Le discours critique peut faire être ces domaines et, par voie, obtenir (…), plus de droit à l’existence que par la voie de la concurrence normale avec les producteurs du Centre. Senghor eût-il choisit d’être un poète français, non « nègre », serait oublié. De même, pour Chamoiseau et Confiant, Makine et Alexakis, Djebar et Maalouf(24).

Tout se passe désormais comme si l'on demandait, insidieusement, aux textes francophones d'exprimer un différentialisme linguistique et culturel pour pouvoir être reconnus. Et nos auteurs l'ont bien compris qui, par le biais d'un néo-exotisme, montrent le dynamisme de la langue française et sa capacité d'absorption d'autres langues ; langue française à laquelle ils doivent, du reste, se sentir étrangers. La reconnaissance et l'appartenance des littératures dominées à l'univers littéraire international semble être à ce prix.

L’on voit, au total, que l’hybridité linguistique à l’œuvre dans la littérature d’Afrique francophone repose, à sa manière, la question de la dialectique du Même et de l’Autre. Le Même s’adresse désormais à l’Autre, de qui il attend reconnaissance, et lui fait comprendre dans sa langue qu’ils sont semblables mais différents. Une telle hétérogénéité lui permet d’abolir les frontières, de faire vaciller son identité et de ne plus appartenir à un monde mais au monde. Mais ceci repose également le problème de la pertinence du modèle théorique différentialiste de la francophonie qui suppose des frontières dans l’usage de la langue et un franchissement de celles-là avec tout ce que cela sous entend comme écart, déviance, irrégularité. Ce modèle contraint la littérature francophone à un différentialisme linguistique et culturel en vue d’exister. De la sorte, une telle répartition implicite entre Centre et Périphérie a des relents d’empire et appelle à la réflexion un comparatisme intra-francophone - a littérature française étant nécessairement réintégrée dans ce champ d’études qui la comprend. Alors, la littérature francophone serait appréciée non plus pour son altérité (qui pose le problème du Moi auquel on est étranger) mais pour elle-même, c'est à dire, tout simplement, un fait littéraire.

Notes :

1 - E. Glissant : Traité du tout-monde, poétique IV, Paris, Gallimard, 1997, p. 22

2 - Les « petites littératures » sont des littératures dominées qui se font dans une langue majeure et créent selon P. Casanova leur condition d’apparition et d’existence dans l’univers littéraire international en multipliant des « stratégies complexes qui bouleversent des possibles littéraires ». Cf. P. Casonava : La République Mondiale des Lettres, Paris, Seuil, 1999, 2e P., pp. 241 - 281.

3 - E. Boehmer : Colonial and Post colonial Literature, Oxford - New-York, Oxford university Press 1996, p. 233.

4 - E. Glissant : op. cit., p. 236.

5 - A. Amour : Bilingue, Montpellier, Fata Mongana, 1983, p. 27.

6 - J. Derrida : Le Monolinguisme de l’Autre, Galilée, Paris 1996, p. 32.

7 - A. Khatibi : Nationalisme et internationalisme littéraires, in Figures de l’étranger dans la littérature française, cité par R. Bensmaïa, « Political Goegraphy of Literature » in M. P. Le Hin, D. Strand, éds, French Cultural Studies: Criticism at the crossroads, Albany, State University of New York press, 2000, p. 296.

8 - R. Bensmoïa : op. cit., p. 295.

9 - K. Vogel : L’interlangue, La langue de l’apprenant, Nathan, Paris 1995, p. 19.

10 - A. Kourouma : Allah n’est pas obligé, Paris, Seuil, 2000.

11 - E. Boehmer : op. cit., p. 232.

12- J.- M. Moura : Critique postcoloniale et littératures francophones africaines, in S. Diop éd., Fictions africaines et postcolonialisme, l’Harmattan, Paris 2002, p. 80.

13 - E. Glissant : op. cit., p. 121.

14 - Ibid., p. 120.

15 - Ce sont, selon Deleuze et Guattari, les littératures qu’« une minorité fait dans une langue majeure », in Kafka, pour une littérature mineure, Paris, Minuit, 1983, p. 75.

16 - P. Casanova : op. cit., p. 440.

17 - Ibid., p. 441.

18 - C. Beyala : Assèze l’africaine, Albin Michel, Paris 1994, pp. 68 et 93.

19 - M. Laronde : Autour du roman beur, l’Harmattan, Paris 1993, p. 213.

20 - K. Yacine : Nedjma, Seuil, Paris 1956, p. 75.

21 - T. Ben Jelloun : L'enfant de sable, Seuil, Paris 1985.

22 - L. Ben Mansour : La Prière de la peur, Ed. de la Différence, Paris 1997.

23 - P. Casanova : op. cit., p. 442.

24 - P. Halen : Les stratégies francophones du style, l’exemple de quelques sauvages du Nord, in P. S. Diop éd., Littératures francophones, langues et styles, l’Harmattan, Paris 2001, p. 226.

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